Rosetta Stone (Dossier) : « un outil assez limité ou les points négatifs de l’application… »



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« Une interface un tantinet rebutante… »


A présent nous allons nous pencher sur les faiblesses de cette application en commençant également par ce qui procède de son interface. Si l’aspect épurée de celle-ci ne manquera pas de plaire à certains, je pense que beaucoup d’entre vous seront à l’inverse très peu séduits par elle. C’est une esthétique un peu rudimentaire dans la forme et inévitablement un peu dans le fond également. En effet, l’esthétique des différents exercices ne manquera pas de rappeler à certains les sessions d’apprentissage du code de la route par exemple. C’est ainsi que ces quatre images couplées à des polices d’écriture très classiques vous donneront peut-être l’étrange impression de retourner en salle de classe en train de visualiser une véritable présentation ; et ce, via un enchaînement d’un certain nombre de diapositives. Malheureusement, ce sentiment risque de s’avérer de plus en plus présent au fur et à mesure de votre apprentissage. La faute certainement à la présence de simples enchaînements/transitions en fondu et à la lenteur importante dans le défilement de ces différentes diapositives.

Qui plus est, Rosetta Stone s’appuyant également sur le principe de l’apprentissage par intuition ne vous donnera donc pas d’explications sur ce que vous devez concrètement réaliser (même lors des toutes premières unités d’enseignements). Bien sûr la familiarisation avec le logiciel rendra ce problème de moins en moins présent, mais il est vrai que les personnes moins intuitives auront certainement un peu de mal à débuter dans l’utilisation de ce logiciel. La faute à l’absence de consignes, au choix de polices classiques et classiquement colorées* ou même de devoir cliquer de nouveau sur le numéro de la diapositive pour la relancer (dans le cas d’un éventuel bug de celle-ci par exemple).  Ce ne sont que des exemples de ce que l’apprenant devra finalement comprendre par lui-même et qui entraînera notamment une dépense de temps supplémentaire afin de comprendre les subtilités dans le contenu ainsi que le fonctionnement même de l’application. Autant se dire que certains pourront se sentir un peu découragé ou frustré d’autant plus que certaines fautes seront tout même à attribuer à l’application en elle-même (nous y reviendront par la suite).

* par exemple noire, bleu pour les éléments grammaticaux et rouge pour les éléments de vigilances type conjugaison…même si le code couleur ne semble pas tout à fait figé.

« Une reconnaissance vocale un poil lunatique… »   


Globalement la reconnaissance vocale fonctionne plutôt bien mais je dois bien dire que certains phénomènes sont assez étranges. En effet, et dans le cas où vous seriez à un niveau d’exigence normal il n’est pas rare que de mauvaises réponses (clairement audibles) passent pourtant comme étant correctes. Dire « oui » au lieu de « depuis » pourra fonctionner dans bien des situations. Voilà donc un véritable problème car malheureusement cela impactera aussi votre sentiment de progression réelle dans vos compétences (ici phonologique). Autant recommander de placer de suite le niveau d’exigence de cette reconnaissance vocale sur un niveau plus avancé. Qui plus est, le matériel dont vous disposez (type de micro avec ou sans casque…) pourra grandement impacter la facilité d’utiliser cette reconnaissance vocale.

Personnellement, j’ai eu beaucoup de difficultés pour paramétrer mon micro (micro de chant avec raccord jack). Etrangement, et même lorsque le son était perçu (via le témoin de retour visuel à l’écran) le logiciel n’en tenait pas compte. Le problème étant que le lendemain, cette fois-ci, tout semblait fonctionner sans problèmes pour que finalement, le surlendemain, je me retrouve encore sans possibilité de travailler l’oral car le micro ne fonctionnait plus (un problème survenu même dans le cadre d’une même journée d’utilisation). Sur ce point je tenais à préciser que mon micro fonctionne parfaitement sur beaucoup d’autres applications (et un jour sur deux via Rosetta Stone donc…).

« Un rapport d’activité dans une démarche qui ne vas pas jusqu’au bout… »

Rosetta Stone : Tableau de progression statistique

Une autre faiblesse de l’application et de la méthode Rosetta Stone concerne le retour « quantitatif » de vos performances aux différents exercices. Comme à l’accoutumée (hors gamification) vous disposerez donc d’un rapport rempli de pourcentages relatifs à votre avancée dans les différents modules, leçons et unités d’enseignements. Un pourcentage qui tiendra compte évidemment des réponses correctes ainsi que de celles erronées. Malheureusement, là où ce type de rapport peut s’avérer bien utile, Rosetta Stone, elle, ne l’utilisera que pour ce qu’il est. Autrement dit, ce rapport d’activité ne servira qu’à quantifier vos réussites mais ne vous permettra pas de véritablement travailler les points qui, eux, seraient plus fragiles. En effet, et à titre d’exemple, ce rapport d’activité n’engendre pas la possibilité  de procéder à un module spécifique qui seraient basé sur l’ensemble des difficultés rencontrées. Un module lexical, grammatical ou syntaxique qui aurait été basé précisément sur ce rapport d’activité aurait été beaucoup plus productif pour votre progression.

A contrario d’une application de répétition espacée sur le plan du lexique, Rosetta Stone, ne vous demandera donc pas de revenir véritablement sur des éléments moins maîtrisés, ce sera bien à vous de le faire. Fonction de votre propre initiative. Comme beaucoup, je pense que passer vos premiers 90-100% lors de vos premiers modules, vous finirez très certainement part ne plus tenir compte de ces informations tant elles resteront purement et simplement statistiques. Mesurer l’évolution de ses compétences via Rosetta Stone me paraît en général assez compliqué…

« Un séquençage du contenu non progressif pour un apprentissage limité… »


A présent il me semble important de nous arrêter sur l’une des deux véritables grandes faiblesses de la pierre de rosette. Le premier point important concerne directement le contenu de l’application puisque celle-ci ne comporte donc pas de cours en tant que tels. Il me paraît donc un peu difficile d’entamer un projet linguistique via cette application tant l’on ne comprend pas vraiment ce que l’on apprend. En effet, je dois bien vous prévenir que l’élaboration du contenu n’est pas pensé sur un plan progressif/pédagogique.
En premier lieu, chaque unité d’enseignement fonctionne de manière indépendante les unes des autres ; car se concentrant autour de thématiques comme nous l’avons souligné. En revanche, l’absence de réels liens entre les différentes unités ne permettra donc pas véritablement de parler d’un outil d’apprentissage mais bien d’exercices d’applications spécifiques en fonction d’une ou plusieurs thématiques qui vous intéresserait. A ce titre, je me permettrais de retenir deux exemples parmi d’autres, et ceci, afin d’illustrer mon propos. Premièrement, la vitesse de l’audio restera identique peu importe l’unité (unité 1 ou unité 12) que vous aurez sélectionné et donc pourra s’avérer trop rapide pour de réels débutants mais beaucoup trop lente et aseptisée pour des apprenants qui seraient, eux, plus avancés. De la même manière, certains termes lexicaux proposés dès les premières leçons seront des termes écrits en usant de signes diacritiques et ce, alors même qu’un vrai débutant (de quelques semaines/mois) ne maîtrisera pas forcément totalement « l’alphabet de base ». 

En bref, il s’agit donc d’un contenu qui ne s’adapte pas vraiment à votre niveau réel de compétences ; ces mêmes compétences qui en plus, nous le savons bien, pourront ne pas être homogènes en soi (a fortiori lors des premiers mois d’un apprentissage). Chaque unité d’enseignement et les différents modules qui les composent pourront vous aider à consolider vos acquis mais ne me semble pas vous permettre de véritablement démarrer un apprentissage. D’ailleurs, nous noterons de suite l’absence d’un module à l’image d’un «focus sur l’alphabet » de la langue. Terminons sur ce point en précisant que les leçons proposées ne seront pas vraiment homogènes car, quantitativement parlant, la leçon numéro un sera moins fournie que la quatrième. En revanche chaque leçon étant censée vous fournir tous un tas de structures et de lexiques, certains et certaines ne seront donc, au bout du compte, pas autant répété(e)s que d’autres.

« Une intuition plus ou moins parasitée par la déduction… »


Le format fondamental des modules de l’application se repose donc sur du choix multiples (énoncés, ou images…), le problème principal étant que, malgré les tentatives apportées par l’application, (changements de positions des images notamment) Rosetta Stone semble s’enliser dans son propre format tant elle ne vous empêchera pas vraiment d’user de vos capacités de déductions. Un exemple majeur renverra à « la séquence en trois images » dont le choix de l’énoncé correspondant se fera entre trois énoncés également mais qui ne changeront pas systématiquement à chaque image. Avez-vous compris ?


Eh bien oui, lors de la seconde image et du choix de la réponse adéquate, vous aurez déjà une réponse d’éliminée. Plus il y aura d’images, plus l’aspect déductif sera à prendre en compte. Par ailleurs, et dans le choix (à l’image de QCM) je serais obligé de dire, ici, que certains choix (si vous les comprenez) seront quand même certaines fois un peu absurdes… Autant se dire que vous les éliminerez très vite sans même avoir vraiment besoin de comprendre totalement l’énoncé en question :

Pour illustrer le propos prenons l’exemple d’une image montrant une femme buvant du thé. Il ne sera pas rare de devoir réaliser un choix faisable entre les trois propositions suivantes : « une femme boit du thé », « un homme boit du thé », « un homme boit du café ». Cet exemple est malheureusement un peu trop récurrent dans la mesure où si vous connaissez le mot « homme » et le mot « femme » vous n’aurez donc finalement qu’un seul choix de réponse disponible. Autrement dit, et même si, potentiellement, vous ne comprenez pas le reste de l’énoncé en question, vous aurez forcément une réponse qui sera « correcte » (????).

« Un vocabulaire par trop limité… »


Nous allons maintenant nous arrêter sur la seconde grande faiblesse de Rosetta Stone. Je suis bien au fait de ce que beaucoup d’apprenants cherchent, en premier lieu, un apprentissage linguistique dont la finalité première restera la conversation. Un apprentissage « express » pourrait-on dire. Néanmoins, et c’est cela qui me pose problème, je dirais que la majorité du contenu de cette application relève de l’utilisation et de la maîtrise de principes grammaticaux (usages de la conjugaison, des prépositions, des adverbes…) qui, précisément, ne constitueront pas vraiment la priorité dans une optique de conversation réelle. Il faut bien avouer que les exercices et leurs contenus vous permettront d’avantage de travailler vos outils grammaticaux ainsi que vos capacités de description. « il a plus de pain que sa sœur », « le grand homme a un costume noir », « il porte des chaussures mais pas de chaussettes » ou encore « nous sommes jeudi et ils sont en train de courir dans le parc » seront autant de choses que vous pourrez apprendre à formuler (moyennant travail évidement) dans votre langue visée.

Toutefois, et nous ne nous en cacherons pas, il peu probable que vous soyez amenés à user en masse de ce type de propos lors d’une conversation. Nous dirons plutôt que, bien qu’il s’agisse de développer de vraies compétences dans la langue (ce qui est loin d’être anecdotique de mon point de vue), elles n’en seront pas pour autant prioritaires dans l’optique d’un démarrage express de la langue ciblée ; et le tout en vue d’amorcer vos premières conversations (plus ou moins élaborées). En outre, il sera bon de préciser que le vocabulaire présent dans l’application sera, in fine, assez limité comparativement à d’autres logiciels d’apprentissage. D’ailleurs, les modules de vocabulaire figurent parmi ceux les plus rapides à réaliser (5 minutes pour chacun) montrant bien que l’acquisition du lexique ne constituera pas l’objectif premier de l’application.

Pour en finir sur les questions de lexique, je me dois de rajouter que le vocabulaire présenté ne le sera pas toujours fait de manière globale. A l’exception des termes comme « homme, femme, fille, garçon… », beaucoup de termes ne se verront pas complétés par leurs autres aspects compte tenu du genre par exemple (masculin, féminin, neutre). Ainsi vous disposerez bien du mot « cheval » mais pas de celui de « jument ». Ceci est d’autant plus regrettable dans une application où grammaire, syntaxe, conjugaison semble bien être mis en priorité. Même si ce tout dernier point constituera rien de moins qu’un véritable détail…je vous l’accorde.

Retour sur : Rosetta Stone (Dossier) : Introduction « une bonne pierre à l’édifice ? »

Retour sur : Rosetta Stone (Dossier) : «on sort les muscles ; ou les points forts de l’application… »


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Bon apprentissage à vous,

Matthieu – Rukmal – P | Langues d’Ailleurs

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